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Qeryn's revival
1 mai 2010

Les livres qui ont changé ma vie en 2009

Avec le peu de recul que j'ai désormais, je peux dire que l'année 2009 a vraiment été une année éprouvante, pour beaucoup de gens.
Quel transit planétaire, quel hasard a entraîné cela, je ne saurais le dire. C'est une simple constatation. En 2009, j'ai perdu mon père, j'ai perdu un ami très cher d'une façon assez brutale, je me suis rapprochée de - et perdu d'autant plus - mon Amour. J'ai perdu mon job, j'ai perdu un peu ma famille à cause d'histoires internes... J'ai perdu ma dernière part d'enfance. Bref, si je faisais la liste, elle serait assez longue.
2009 a donc été une année douloureuse. Mais comme la carte de la Mort dans les tarots, elle symbolise avant tout une renaissance. La fin d'une époque pour aller vers l'inconnu, pour tout reconstruire. Mais avant de reconstruire il faut renoncer à tout ce qui a été, subir la déchirure de la séparation, de la perte, faire face à l'épreuve de réalité, en somme.

Face au vide de ce qui a été mais n'est plus, de ce qui est à venir mais n'est pas encore là, oui, face à l'angoisse présente de la perte et de la descente aux enfers, quelques personnes m'ont aidé à tenir le choc. Quelques personnes, dans le présent, mais aussi la sagesse de notre passé, la plus merveilleuse invention depuis la mémoire collective, la trace vivante de l'enseignement qu'ils ont voulu nous faire partager : les livres de ces gens vivants ou morts, de ceux qui ont voulu changer le monde en laissant à disposition pour les générations présentes et futures tout leur savoir.
Savaient-ils que plus tard, ces livres pourraient sauver les vies de centaines, de milliers de personnes?

L'avaient-ils seulement voulu? Même seulement pressenti?

Pour ma part, ces oeuvres sont arrivées à des moments décisifs de ma vie, et je ne veux plus les quitter. Elles sont de celles que je relirais dès que j'en sentirais le besoin, de celles qui forgent mes idéaux et ma vie, de celles qui m'ont changé et qui sont désormais partie intégrante de ce que je suis.

1/ Freud : Metapsychologies

Parce que ça m'a tellement aidé à comprendre certaines choses sur l'esprit humain et m'a donné envie d'avancer sur la compréhension de moi-même pour dépasser mes névroses - notamment pour l'interprétation des rêves et la théorie du deuil.

2/ Sénèque : La vie heureuse- la brièveté de la vie

Parce que je me sens très proche de la philosophie stoïcienne selon laquelle l'être humain doit se détacher de ce qu'il ne maîtrise pas car le seul bien de valeur qu'il possède est avec lui. (Je fais un grand raccourci mais voilà en substance) La sagesse et philosophie stoïcienne est d'amour, de paix, de détachement des biens en particulier matériels qui ne dépendent pas de nous. Ce livre m'a aidé à matérialiser la voie de la sagesse antique qui, même si elle a deux millénaires d'âge, reste toujours d'actualité.

3/ Kundera - L'immortalité

Un livre très particulier qui m'a été confié par mon cher colocataire. Je l'ai littéralement dé-vo-ré. En dehors du fait que je me retrouvais énormément dans le personnage principal - Agnès, un peu hors du temps, un peu hors d'elle-même, surtout différente - c'est la philosophie étayée sur la vie de chacun qui m'a parue très vrai et extrèmement intéressante.
L'importance de la nature, la répétition de nos actes en une espèce de boucle - que j'appellerais plutôt escargot - qui fait que notre chemin finalement s'enroule au fur et à mesure autour d'un point central : notre propre destinée, notre raison de vivre, la pulsion sous-jacente à laquelle on ne peut échapper sous peine de se détruire.
Autre chose aussi, la boucle de la vie, comme quoi on arrive à un moment comme les aiguilles ayant fait le tour du cadran, la vie ne sera plus qu'une espèce de variation sur le thème de ce que l'on a vu pendant le premier tour.

Pour ma part j'en ai déduit deux choses :
1/ Que l'homme naît seul, vit seul et meurt seul; et que ce serait égoïsme fatidique que de vouloir faire suivre (comme beaucoup de gens malheureusement le font, consciemment ou pas!) son propre chemin à d'autres. On est seul à vivre sa vie, seul à habiter nos corps, seuls et responsables de tous nos actes, et dans notre égoïsme on passe notre temps à reprocher à d'autres de ne pas avoir eu le courage d'être soi, de faire son propre chemin, de regarder sa propre solitude les yeux dans les yeux comme étant composante intégrale de la vie.
2/ Que nous passons notre premier tour du cadran à nous émerveiller et à rêver notre vie, et tous les autres tours à verrouiller des portes pour tenter de vivre nos rêves ... Il est un moment où il est impossible de revenir en arrière, et où le temps filera comme en accéléré jusqu'à notre mort.

4/ André Comte-Sponville - Petit Traité des Grandes Vertus

Un auteur découvert par hasard dans un hors-série Le Point ... Comme quoi le hasard fait bien les choses. Ce livre, c'est ma Bible, mon livre de chevet, un nouveau pilier dans mon existence... Le livre qui m'a sauvé la vie, sauvé l'âme, qui m'a apporté un angle de vue différent sur certaines problématiques et m'a donné une raison de vivre quand le peu de lumière que je voyais était absorbée par un trou noir géant en moi.
Pourquoi en effet traiter le mal par le mal, sans jamais parler de ce qui va bien? Nous parlons tellement de ne pas faire les péchés, qu'on en oublie de vivre les vertus. Qui cherche en effet à être véritablement, intrinsèquement, vertueux? Qui fait cet effort de comprendre, de se changer, de toujours rechercher à repousser ses limites?

Le Petit TGV est un de ces livres magiques qui, pour peu qu'on ait l'esprit ouvert, peut venir bouleverser votre existence. Il a mis en mots de nombreuses questions que je me posais, y a apporté un début de réponse. Il a repoussé les concepts des vertus, a ennobli encore plus l'idée que je m'en faisais, m'a fait faire le point sur mes forces, mes faiblesses, mes manques encore à gagner.
Mais surtout, et c'est là où intervient la philosophie, c'est à la fois la practicité et la finalité de ces vertus. Pourquoi donc chercher à être vertueux? Etre vertueux n'est pas un but honorable - c'est un but humain. Humain, parce que toutes nos vertus - courage, tolérance, douceur, patience, justice, et j'en passe - ne sont là que pour pallier à une chose : au manque d'amour que nous sommes capables de donner. L'amour, le vrai, l'amour du prochain, l'amour du Christ, de Bouddha, du Sage, l'Amour de l'être humain pour tout ce qui est vivant, tout ce qui est autour de lui, pour la vie même et tout ce qui est même au-delà.

Oui, c'est par manque d'amour que nous nous efforçons d'être vertueux, d'être polis, d'être courtois.
Oui, nous sommes capables de mieux, de bien mieux, de tellement mieux... que ce petit amour égoïste de soi et de seulement ce qui nous touche.

Ce livre, il m'aide à tenir le cap face à mes faiblesses, à accepter ce qui est hors de ma portée, à respecter ce qui est différent et me fait souffrir, à aimer toutes les nuances même les plus sombres de cette vie et de l'être humain.
(Je dis bien que j'essaie... en ce moment je maudis en moi-même la faiblesse humaine, l'humanité et l'humaine vision de la vie. J'ai mal de voir la souffrance qui en émerge. Mais je sais que je dois l'accepter et qu'un jour je trouverai le pourquoi du comment.)

Et au final j'en arrive à cette théorie :
la vie n'est pas "ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse."

C'est "donne à ton prochain ce qu'il n'a jamais pu avoir."

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